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Tendances des marchés - Février 2019

11/04/2019

Pâtes

-30$ sur la NBSK et -20 $ sur l'eucalyptus

Le prix de la pâte continue à baisser, dans un contexte de demande faible et de stocks importants.
Malgré la fermeté des prix des producteurs Suzano (Brésil) et ENCE (Espagne) qui ont maintenu les 1010 $/tonne annoncés pour la BEK, le marché
a plutôt oscillé entre 970 et
980 $/tonne en février. Avec 30 $ de baisse supplémentaire, la NBSK s'est établie à 1140 $/tonne. Les acheteurs évoquent des baisses sur les fibres courtes et longues, de l'ordre de 10-15 euros minimum.
Les statistiques du PPPC ont dévoilé des niveaux de stocks particulièrement élevés notamment pour les feuillus à 61 jours, soit 22 jours de plus qu'en janvier 2018. Les stocks de résineux sont à 39 jours, contre 31 jours il y a un an. Avec 3,87 millions de tonnes, les livraisons de pâtes de janvier sont inférieures de 2,2 % à celles de janvier 2018, ce qui n'atteste pas d'une bonne dynamique de la consommation, ainsi que le corrobore le taux d'activité de 78 %. Le secteur, comme bon nombre d'autres, est dans l'attente d'un redémarrage éventuel de la Chine.
Côté capacités, après 3 ans de travaux et de lourds investissements, l'usine SCA Östrand (Suède) double sa capacité de production, en passant

de 430 000 à 900 000 tonnes (d'ici fin 2019), et devient ainsi le plus grand site de production de pâte de résineux blanchie au monde. Les livraisons devraient débuter en juin prochain. Rottneros a également mis en place un programme d'investissements lui permettant d'accroître sa capacité annuelle de pâte à environ 440 000 tonnes.
Côté filière bois, l'industrie forestière du massif des Landes de Gascogne, dont environ 9 % de la production est destinée à l'industrie du papier-carton, peine à satisfaire la demande. En effet, 220 000 hectares de forêt des Landes de Gascogne avaient été dévastés par la tempête Klaus en 2009. Les 8 millions de tonnes de bois récupérés, stockés pour éviter d'engorger le marché, sont désormais écoulés. Malgré une excellente gestion de l'après-tempête, le potentiel de ce massif a chuté de moitié en termes de production et les besoins non satisfaits sont évalués à environ 500 000 m3.

 

 

 

Papiers-Cartons Récupérés : -5 à -15 euros/t sur toutes les qualités

Les baisses amorcées en début d'année se poursuivent en février sur toutes les qualités.
La situation du groupe Arjowiggins n'a pas été sans impact sur le marché des papiers récupérés. Un acteur du secteur précise d'ailleurs : « Il y a eu des mélanges de sortes de façon à écouler de la matière qui leur était destinée. »
Les sortes carton, toujours en grande disponibilité sur le marché, ont subi des baisses se situant entre -5 et -10 euros/t. Sur le désencrage, les baisses ont majoritairement atteint les -10 euros/t, tout comme les qualités moyennes qui ont connu une érosion plus importante que le mois précédent, les archives couleurs (2.06) attei-gnant même les -15 euros/t. Les belles sortes voient leurs prix baisser de nouveau, en raison de la diminution de la pâte vierge notamment : les sortes 3.01 à 3.07 perdant 5 euros/t (jusqu'à 10 pour certains), et les sortes 3.10 à 3.18.01 s'érodant de 10 euros/t. Les sortes kraft, à la stabilité en janvier, suivent cette tendance baissière et affi-chent -5 euros/t ce mois-ci. Côté collecte, après un redémarrage poussif en janvier, les collectes se révèlent moyennes en février, notamment à cause des vacances scolaires. A noter que les usines ont débuté le mois de février avec des stocks très hauts et le termineront sans doute avec des stocks quasiment au même niveau, augurant d'un mois de mars sans tensions particulières.
Côté commerce extérieur, le grand export est resté faible, l'Asie du Sud-Est négociant des prix plus bas que le marché européen et la Chine n'ayant toujours pas redémarré. Le secteur espère son redémarrage en mars, après le nouvel An chinois, mais beaucoup craignent qu'il n'ait pas lieu. Les exportations françaises de papiers récupérés vers la Chine ont en effet baissé de 60,9 % sur l'année 2018, les augmentations des exportations vers l'Inde, l'Indonésie, la Thaïlande et le Vietnam ne compensant pas cette perte. Les exportations vers l'Asie en 2018 ont chuté de 25,9 % (données Douanes - Pap'Argus).
En Allemagne, les baisses de prix ont été les mêmes qu'en France pour toutes les qualités. Les stocks sont également bien chargés. Impactée par la non reprise de la Chine, la matière est abondante sur le marché allemand, ce qui minimise leurs importations. En Espagne, les prix ont subi cette même tendance baissière : les sortes carton étaient à la reconduction au début du mois de février, mais ont finalement baissé de 5 euros/t ; le désencrage a diminué de 10 euros/t et les prix des qualités supérieures se sont érodés de 5 à 10 euros/t. Le marché espagnol se trouve aussi dans l'expectative quant à la Chine, dont l'activité déterminera les tendances de mars.

 

 

Sortes Graphiques : Important ; refonte des prix pour les papiers recyclés

Le marché des sortes graphiques est ébranlé par la mise en redressement judiciaire d'Arjowiggins.
Le marché des papiers recyclés en première ligne, qui voit son principal producteur en quasi-arrêt. Un véritable coup de tonnerre pour le groupe, mais aussi pour les acheteurs qui doivent trouver des solutions alternatives. Face à cette pénurie de marchandises et en l'absence de ce fournisseur essentiel, les prix se négocient désormais sur des bases différentes, et le marché se redessine, en s'ouvrant davantage à des fournisseurs européens. Ainsi, le prix des papiers 100 % recyclés en bobine offset 80 g au niveau de blancheur 75 à 85 ISO se négocie aujourd'hui aux alentours de 850 euros/t, et cette même sorte au niveau de blancheur > 130 ISO se vend à 1000 euros/t. Des ajustements que nous prenons en compte dans notre mercuriale, au sein de laquelle nous vous proposerons dès le mois prochain des prix mis à jour en fonction de la nouvelle donne du marché, ainsi que des sortes affinées en fonction du niveau de blancheur. Les papiers pour enveloppes mais aussi les ramettes en recyclé sont impactés par ces perturbations, et, faute de visibilité, les hausses annoncées sont, dans la grande majorité des cas, reportées au mois prochain, voire à avril, les dates d'application n'étant pas uniformes.
Côté couchés sans bois et non couchés sans bois, les prix sont reconduits dans un contexte d'activité trop calme pour beaucoup ; les stocks sont hauts mais commencent à se désemplir. Le bouffant sans bois qui n'avait pas suivi le mouvement haussier du mois dernier (à l'inverse du bouffant avec bois) est à la stabilité, son prix élevé freinant la demande. Certains acheteurs ont malgré tout pu subir quelques réajustements. Le marché de l'édition français débute l'année assez difficilement, avec peu de réimpressions et peu de gros tirages. A noter que le marché allemand, dynamique jusqu'alors, est en difficulté depuis trois mois. Les élections européennes de mai prochain sont attendues pour stimuler le secteur. Côté journal et magazine, les hausses de début d'année ayant été négociées pour le semestre, les tendances sont inchangées. L'autocopiant, qui devait augmenter de 3 à 5 % en début d'année, est encore à la stabilité en février.
Côté capacités, le papetier allemand Koehler vient d'obtenir l'autorisation de construire une nouvelle ligne de production qui sera dédiée à la fabrication de papiers spéciaux au sein de son usine de Kehl. Equipée d'une MAP de 142 mètres de long et d'une machine à enduction de 96 mètres, elle devrait être opérationnelle en septembre prochain. En Autriche, l'usine Sappi de Gratkorn, d'une capacité totale de 980 000 tonnes de papier sans bois, a achevé fin janvier, en partenariat avec Valmet, la modernisation de sa MAP 9, avec des objectifs d'optimisation en termes d'économie, de fiabilité et d'efficacité énergétique.
En Suède, l'usine de Nymölla de Stora Enso, qui produit 485 000 tonnes par an de non couché sans bois, a redémarré à pleine capacité. Touchée par la sécheresse au semestre dernier, son activité avait en effet été réduite, les niveaux d'eau étant trop bas pour leur permettre de maintenir une production optimale.

 

Etiquettes
Les hausses de janvier passées, le secteur des papiers pour étiquettes retrouve un peu de visibilité et la validité des prix est pour beaucoup à juin-juillet.
La baisse du prix de la pâte permet au secteur de reprendre son souffle. Un retour au calme relatif puisque les tensions persistent du côté du prix des encres. En effet, celles-ci ont subi des augmentations de 0,5 à 4 % depuis le début d'année, les fabricants Sun Chemical, Flint Group et Siegwerk invoquant les hausses de coûts des matières premières, telles que les photo-initiateurs, les résines acryliques, les pigments, les monomères UV et certains additifs, mais aussi le fret et l'énergie.
En Allemagne, après une année d'impasse, les prix des papiers pour étiquettes ont également augmenté en janvier. Les producteurs de papiers pour étiquettes opérant sur le marché allemand ont connu une année 2018 difficile puisqu'ils n'ont pas été en mesure de répercuter les hausses de la pâte sur leurs clients, les contrats concernant les papiers pour étiquettes étant traditionnellement annuels. C'est pourquoi ils ont annoncé et passé des augmentations de prix le mois dernier.

 

PPO/Packaging: -20 euros/t sur le kraftliner, le testliner et la cannelure recyclée

 

Les baisses se poursuivent dans les PPO en février.
Le Kraftliner, le testliner et la cannelure recyclée ont accusé des baisses de l'ordre de 20 euros/t. Les stocks sont assez élevés mais l'activité est bien repartie après la période de flottement de début d'année. Les prix des white top kraft et des white top test ont été reconduits, de même que ceux de la cannelure mi-chimique pour laquelle un mouvement pourrait s'amorcer le mois prochain. Côté kraft à sac, dans un contexte de demande toujours forte, la stabilité des prix perdure et pourrait être semestrielle. Les nouvelles capacités devraient provenir du groupe Segezha, filiale de Sistema, en Russie, qui a fait part de son projet de moderniser son usine de pâtes et papiers de Segezha, avec l'objectif de produire 450 000 tonnes par an de kraft à sacs non blanchi d'ici 2021. Côté caisse américaine, le démarrage a été lent en janvier, mais l'activité est bien repartie en février, dans un contexte de stabilité des prix.
En Allemagne, on note un ralentissement dans le secteur des PPO qui conserve cependant un bon dynamisme. La tendance à la baisse du kraftliner amorcée en novembre s'est poursuivie en février et pourrait même perdurer en mars, dans un marché où l'offre et la demande sont assez équilibrées. Le testliner et la cannelure recyclée ont enregistré les mêmes baisses qu'en France, soit -20 euros/t.
En Espagne, pas de mouvement significatif sur les prix des papiers à l'exception des testliner 1 qui ont baissé de 15 euros/t sous la pression de la diminution des krafts bruns. L'écart s'est creusé avec le reste de l'Europe, mais l'activité est restée soutenue grâce aux exportations de produits manufacturés.
Au Royaume-Uni, le kraftliner a affiché une nouvelle baisse de 20 £/t, comme en France, atteignant 40 £/t de baisse au total. Le testliner, la cannelure recyclée et le white top test ont également chuté de 20 £/t, comme le mois dernier. Le « no deal » commence à être envisagé par les entreprises papetières françaises. La phase est toujours à l'observation mais chacun anticipe que les barrières douanières seront un frein à l'activité et aux échanges commerciaux. Malgré ce contexte d'incertitudes, le groupe britannique DS Smith a investi 15 millions d'euros dans ses usines flamandes de Gand et Buggenhout, pour répondre à la forte demande du commerce en ligne. Le groupe, un des principaux fournisseurs d'emballages en Europe d'Amazon, souhaite en effet augmenter la capacité de production de l'usine de Gand de 50 % grâce à l'acquisition d'une nouvelle machine pour carton ondulé.

 

Carton plat

Côté fibres vierges en France, après une année 2018 très chargée, et des hausses importantes, le redémarrage de janvier était en demi-teinte.
Le marché semble être reparti en février avec une activité plutôt bonne et des prix qui se sont stabilisés. A noter que les stocks sont assez hauts, et les délais de livraison un peu plus courts (environ 3 semaines, mais jusqu'à 8 semaines sur certaines sortes). Ces derniers n'ont pas trop évolué par rapport au deuxième semestre. De nouvelles hausses pourraient se profiler à moyen terme, c'est-à-dire à l'été 2019, selon certaines de nos sources pointant un déséquilibre persistant entre l'offre et la demande.
Côté fibres recyclées, le début d'année est à l'image du dernier trimestre 2018 avec peu de demande. Les prix commencent à être à la discussion, et on note quelques ajustements vers le bas, au cas par cas. Les délais de livraison sont habituels, c'est-à-dire 3 à 4 semaines.
En Espagne, le secteur du carton plat est également stable en ce mois de février.
Côté capacités, BillerudKorsnäs a investi dans une nouvelle machine à carton pour son usine de Gruvön, qui devrait démarrer en avril et produire en 2019, 240 000 tonnes de carton d'emballage pour liquides, de carton-caisse pliant, de carton alimentaire et de kraftliner.
En France, Covepa-Michels, fabricant d'emballages en carton pour l'agroalimentaire et l'industrie à Châteauroux (Indre), a repris à la barre du tribunal de commerce deux des trois usines de la Compagnie Européenne de Cartonnages (CEC), à Valence (Drôme) et au Mans (Sarthe). Confronté à un endettement important et à la hausse des prix des matières premières, CEC avait en effet réalisé en décembre une demande de redressement judiciaire. Cette acquisition permet au groupe de viser la place de premier acteur indépendant sur le segment des étuis souples cartonnés. Covepa-Michels produit actuellement 18 000 tonnes de carton plat par an, et CEC, 22 000 tonnes sur ses trois sites.


Caroline Cauchois