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Tendances des marchés - Septembre2019

08/10/2019

Pâtes :

- 50 $/t sur les fibres longues et sur les courtes

 

La tendance baissière est toujours de mise en septembre dans un contexte de faible demande et de stocks hauts.
Les fibres longues ont baissé de -50 $/tonne, faisant s’établir la NBSK à 850 $/tonne.  Le prix des fibres courtes s’est érodé de même, la pâte d’Eucalyptus s’établissant à 750 $/tonne. La CTMP, sous la pression du mouvement baissier de l’eucalyptus, a suivi cette tendance et a baissé de -10 $/tonne. Ce mouvement pourrait commencer à s’infléchir à partir d’octobre. Selon un acteur du secteur :
« La fibre courte est plus fragile que la longue et pourrait donc continuer à baisser le mois prochain car la pression reste forte ; c'est différent pour la longue car on a atteint les prix les plus bas. -25 $/t de baisse supplémentaire serait peut-être encore envisageable mais sans doute pas plus. La spirale infernale des -50 $/t semble se terminer. »
Une explication à ce renversement de situation : les arrêts pour maintenance de gros faiseurs de nombreuses usines. Ainsi, Metsä Group a annoncé des arrêts de maintenance à l’automne qui réduiront  la production de pâte chimique et de pâte à haut rendement de 75 000 tonnes. Ces arrêts d’entretien à Rauma, Kemi et Husum réduiront la production de pâte chimique d’environ 50 000 tonnes. En outre, les arrêts de maintenance annuels dans les usines de pâte à haut rendement de Joutseno et de Kaskinen réduiront la production de plus de 25 000 tonnes. En raison de « la faiblesse des conditions du marché » en Colombie-Britannique, Canfor Pulp prolonge de 3 semaines, jusqu'au 30 septembre, les temps d'arrêt commerciaux de l'usine de pâte à papier Taylor BCTM. En combinant les réductions estivales, la production de BCTMP de cette usine sera réduite de 65 000 tonnes au troisième trimestre. A contre-courant, Estonian Cell, producteur de pâte BCTMP, a finalisé un investissement de 20 millions d'euros dans la ville de Kunda (Estonie), afin d'accroître sa production de 10 %. Sa capacité de production atteindra les 185 000 tonnes par an.
A noter également que suite au rachat d’Arjowiggins Greenfield au printemps 2019, Wepa Greenfield propose la seule pâte marchande d’Europe. Sa capacité de production annuelle est de 130 000 tonnes, dont une partie est dédiée à leur production de tissue et de papiers impression-écriture, et le reste à la vente. Le site a repris ses livraisons normales.
Côté stocks, les statistiques du PPPC du mois d’août dernier ont révélé des niveaux de stocks qui s’infléchissent mais restent élevés, notamment pour les feuillus qui ont atteint les 61 jours en juillet, pour s’établir à 59 jours en août, soit 19 jours de plus qu’en août 2018. Dans les résineux, ils se sont établis à 36 jours, contre 40 le mois dernier et 34 en août 2018. Avec 4,51 millions de tonnes, les livraisons de pâtes d’août 2019 ont, elles, été légèrement supérieures à celles d’août 2018 (4,4 millions de tonnes), tout comme le taux d’activité de 92 % (contre 90 % l’année passée).

Côté volumes, les données Europulp indiquent une fois encore des niveaux de stocks de pâte dans les ports européens très hauts en août 2019 par rapport à l’année précédente, avec 1 982 831 tonnes contre 1 285 044 tonnes en août 2018, soit 54,3 % (697 787 tonnes) de plus. On observe aussi une hausse  de 5,1 % par rapport au mois précédent.

 

 

 

 

 

Papiers-Cartons récupérés

- 10 euros/t sur le désencrage et les qualités moyennes

-5 à -10 euros/t sur les qualités supérieures


Les baisses importantes de juillet n’ont pas laissé place à un retour à la stabilité en août. Les prix ont continué à chuter, comme en septembre. 
Seules les sortes carton et kraft n’ont pas suivi cette tendance.  Le désencrage s’est érodé de -5 à -15 euros/t, de même que la plupart des qualités moyennes, hormis le 2.08 qui est resté stable. Dans les qualités supérieures, les prix ont baissé de -5 euros/t du 3.01 au 3.10, et de -10 euros/t du 3.12 au 3.18.01. Un acteur du secteur commente :
« C’est un vrai marasme. » Et s’interroge : « Les nouvelles capacités attendues permettront-elles d’endiguer ces volumes qui inondent l’Europe ? »  Un autre de conclure avec plus d’optimisme : « Le relais de croissance du e-commerce se tasse mais l'industrie papetière devrait tirer profit de l'interdiction du plastique à usage unique. » Le secteur continue aussi à faire face à la problématique de qualité des PCR. De nombreux acheteurs dénoncent qu’elle est de plus en plus médiocre, la collecte entrante étant de plus en plus sale. « Les opérateurs et les collectivités doivent réagir ». Dans ce contexte de surabondance de volumes, ce sont les tonnages propres qui trouveront preneurs.
La rentrée a également été marquée par l’annonce de la mise en vente d’UPM Chapelle Darblay, important débouché de papiers à recycler avec 250 000 tonnes de désencrage consommées par an. Une annonce qui a eu un fort retentissement  dans le secteur, puisque sans repreneur mi-2020, elle pourrait fermer ses portes – et ne plus absorber ces importants volumes.
En Espagne, les prix ont subi la même tendance qu'en France. « Nous sommes toujours dans un marché avec des prix à la baisse, notamment pour le désencrage et les hautes qualités blanches (3.17 et 3.18). Avec les indicateurs macro-économiques publiés récemment, nous craignons que cette situation se poursuive, » précise un acteur espagnol.
En Allemagne, la tendance baissière s’accentue également : le carton a baissé de 5 à 10 euros/t en septembre. De même, la baisse sur le désencrage a atteint minimum -10 euros/t et jusqu’à -20 euros/t sur le 3.18.
Côté commerce extérieur, le marché export est resté en retrait en termes de prix en septembre. Si l’Indonésie continue à désengorger le marché européen, les critères de contrôles qualités sont importants puisqu’ils doivent être conformes  aux normes ISRI (Institute of Scrap Recycling Industries). « Une bouffée d’oxygène dont l’Europe devra se priver du 15 décembre au 2 janvier prochain, période de « Black out » où aucun cargo ne partira vers l’Indonésie, ce qui rajoutera de la tension », déplore un contact. Par ailleurs, d’autres pays d'Asie réfléchissent à s'aligner sur cette même consommation de matière premium contenant seulement 0,5 % de matières impropres.
Le secteur devra donc probablement continuer à composer avec le durcissement des exigences et des contrôles douaniers. A noter que les données douanières de juillet 2019 indiquent qu’en termes de volumes, les exportations françaises de papiers récupérés vers la Chine ont  baissé de -56,7 %  à juillet 2019 avec 32 208 tonnes exportées en cumul contre 74 438 tonnes  à juillet 2018. Le marché indien baisse également et affiche -42,7 %, avec 35 899 tonnes exportées à juillet 2019 contre 62 623 tonnes à juillet 2018.

 

 

Sortes graphiques :


En cette rentrée de septembre où le rythme est habituellement soutenu en France, le redémarrage est très flottant dans le secteur des sortes graphiques.
L’activité peu soutenue a finalement mené à une reconduction générale des prix. Dans le couché et non couché sans bois, l’activité a souvent été en-deçà des attentes mais les prix sont restés stables. L’offset sans bois a pu toutefois subir très ponctuellement des baisses de l’ordre de 15 euros/t.
Côté ramettes en fibres vierges comme recyclées, la stabilité des prix a également été de mise en septembre. « Ce qui est un peu curieux au regard de la forte érosion du cours de la pâte »,
s’étonne une de nos sources. Une stabilité qui pourrait ne pas durer en ce qui concerne les ramettes recyclées pour les quelles une nouvelle hausse pourrait advenir sur le dernier trimestre.
Côté papiers pour enveloppes, si les sortes kraft et recyclées restent stables, des velléités de baisses de l’ordre de -20 euros/t émergent pour  les qualités blanches, sur octobre. Des baisses qui restent à confirmer.
Ne pas oublier l’annonce d’UPM, qui a été un coup de tonnerre dans le secteur sur-capacitaire du journal.
Pour rappel, le groupe envisage de fermer définitivement une machine à papier SC à Rauma, en Finlande, et de vendre son usine française de papier journal Chapelle-Darblay « pour préserver sa compétitivité en Europe ». Si elles étaient réalisées, ces mesures entraîneraient une réduction de 265 000 tonnes de capacité SC et de 240 000 tonnes de capacité de papier journal dans le portefeuille d’UPM. L’usine Norske Skog Golbey – dont la capacité de production est de 600 000 tonnes annuelles - deviendrait ainsi la dernière usine à produire du journal en France. C’est dans ce contexte que débutent les négociations et les réflexions concernant les prix du premier semestre 2020.
A noter que le groupe papetier Burgo - qui a lancé en 2018 un plan de reconversion de la MAP 9 de son usine de Verzuolo située en Italie, afin de passer de la production de papiers couchés (LWC) à du testliner   devrait démarrer sa MAP 9 le trimestre prochain. Convertie par Valmet, elle aura une capacité de production de 600 000 tonnes par an de testliner.  Dans ce marché qui s’adapte, 400 000 tonnes de LWC sont désormais également à retirer de l’équation.

Etiquettes :

Dans un contexte plus morose que les années précédentes (avec -1% de consommation au m² de complexes adhésifs transformés en France entre 2017 et 2018, rappelait l’UNFEA lors de ses dernières rencontres) la tendance est à la baisse des prix des papiers pour étiquettes.
Feldmuehle et Brigl&Bergmeister qui ont annoncé augmenter de 5 %  les prix de leurs étiquettes REH à partir de janvier 2020,  semblent donc à contre-courant. En effet, la baisse de la pâte induit une tendance à la baisse des prix des papiers pour étiquettes. Sur le 2e semestre 2019, c’est donc -20 à -40 euros/t de baisse, selon les sortes, qui vont être enregistrées.
Un contact ajoute : « Au 1er janvier, il faut plutôt s’attendre à une baisse sur tous les papiers pour étiquettes. » Les  négociations sont en cours pour 2020 avec une validité des prix à fin mars ou fin juin.

 

 

PPO/Packaging :

-10 euros/t sur le kraftliner et le WTK

Après un mois d’août placé sous le signe de la stabilité des prix, l’activité est repartie timidement en septembre où le kraftliner et le WTK ont subi quelques ajustements, de l’ordre de -10 euros/t.
Les prix ont été reconduits pour la majorité des sortes, c’est-à-dire le testliner, la cannelure recyclée et la mi-chimique, ainsi que le WTT.  Le secteur compte sur un dernier trimestre traditionnellement fort pour contrebalancer une année 2019 plus tendue que les deux précédentes.
Le basculement du marché du kraft à sac se poursuit et les baisses de -25 à -40 euros/t du 3e trimestre ne seront sans doute pas les dernières de l’année. Les négociations pour le 4e trimestre semblent aboutir à de nouvelles baisses, entre -40 et -50 euros/t. En cause, la diminution notable de la demande hors Europe et au Moyen-Orient. Les délais de livraison sont donc plus courts et il faut compter 1 mois de délais contre 3-4 mois auparavant. Cette tendance baissière touche aussi le secteur de la caisse carton –où les stocks sont pleins - qui subira des baisses de 2 à 3 %, applicables au 1er octobre.
En Espagne, les prix sont restés majoritairement stables, sauf pour le testliner 1 qui s’est érodé de -10 euros/t.
Au Royaume-Uni, les prix ont été reconduits alors que l’Allemagne a suivi la même tendance qu’en France avec une érosion du kraftliner et du WTK.
Côté capacités, Mondi a suspendu la production de l’une de ses plus grandes usines, celle de Ruzomberok en Slovaquie, en septembre, afin de réaliser ses travaux de maintenance annuels. Pour rappel, c’est  la plus grande usine intégrée de production de papier et de pâte en Slovaquie, avec une capacité de production de 560 000 tonnes de papier non couché sans bois, 66 000 tonnes de papier d’emballage et 100 000 tonnes de pâte marchande. Cet arrêt, qui a été plus long que d’habitude, avait également pour finalité de préparer la mise en place de la nouvelle MAP 19 destinée à produire 300 000 tonnes par an de white top kraft, à partir de fin 2020.
SCA a annoncé construire une nouvelle machine à papier pour la production de kraftliner dans son usine d’Obbola en Suède. La production annuelle à Obbola passera de 450 000 tonnes de kraftliner à 725 000 tonnes pour répondre à la demande croissante d'emballages. La nouvelle machine à papier sera opérationnelle au premier tri-mestre de 2023. En Allemagne, à Sandersdorf-Brehna, Progroup poursuit la construction « d’une des machines à papier les plus modernes au monde »
dont le démarrage est prévu courant 2020. Elle produira 750 000 tonnes de papiers pour ondulé.

 

 

Carton plat :
 
« L’activité a repris, on sent plus de dynamisme. Quant aux prix du carton, c’est la stabilité sur tous les fronts pour l’instant », commente un acteur du secteur. Un autre précise : « Une grande stabilité des prix semble s’installer de façon plus durable. Certains imprimeurs augurent une baisse compte-tenu des niveaux de prix de la pâte, mais les prix du carton ne sont pas établis sur le cours de la pâte à papier ; l’offre et la demande sont un vecteur plus tangible. »  Même si un tassement de la demande s’est fait sentir cette année, cette dernière reste malgré tout correcte dans le carton. Contre toute attente, de nouvelles tendances de prix n’ont pas particulièrement émergé, comme c’était le cas les années précédentes. Reste à suivre l’accélération du transfert du plastique vers le carton. Une mutation attendue par un secteur qui a vu son marché se stabiliser en 2019 après 2 années d’embellie.
Côté capacités, 40 000 tonnes de testliner seront retirées prochainement du marché pour cause de maintenance dans plusieurs usines d’Hamburger Containerboard – à Pitten en Autriche, Dunaújváros en Hongrie, ainsi que dans trois usines situées en Allemagne

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Sanitaire et domestique :

Le manque de visibilité persiste dans le secteur du tissue et septembre est à la peine.
Dans ce contexte de marché flou, la tendance est demeurée la même avec une baisse de -10 euros/t sur les qualités vierges tandis que les qualités recyclées sont restées stables.
En ce qui concerne les capacités du secteur, Metsä Tissue a lancé une étude de préfaisabilité concernant le doublement de la production de tissue à Mariestad ; les investissements prévus augmenteraient sa capacité de production annuelle de tissue de 50 000 tonnes d'ici 2024.


Caroline Cauchois