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Tendances des marchés - octobre 2019

16/12/2019

 Pâtes

 

-30 $/t sur les fibres longues

-50 $/t sur les fibres courtes

 
« Les stocks sont toujours historiquement hauts mais les gros faiseurs ralentissent leurs productions, jugulant ainsi le cycle baissier », constate un acteur du secteur.
Avec -30 $/t de baisse sur les fibres longues, la NBSK s'est établie à 820 $/t en octobre. Les fibres courtes - pour lesquelles le différentiel avec la Chine est encore de 40 $/t - ont connu une baisse plus importante de -50 $/t, la pâte d'eucalyptus s'établissant à 700 $/t. La CTMP s'est légèrement tassée de 20 $/t. Le marché de la pâte commence à être quelque peu régulé par les arrêts pour maintenance qui se poursuivent. Après Metsä Group (qui réduit sa production de pâte de 75 000 tonnes) ou encore Canfor Pulp (65 000 tonnes de BCTMP en moins sur le troisième trimestre), c'est l'usine de pâte Södra de Mörrum qui s'est arrêtée 2 semaines en octobre, réduisant sa production de 17 000 tonnes. La tendance sur novembre pourrait être dans le prolongement d'octobre, avec une possible reconduction des prix sur les fibres longues et une baisse moins conséquente que les précédentes, pour les fibres courtes.
Côté capacités, SCA entreprend une étude de faisabilité pour la production de 300 000 tonnes/an de CTMP dans son usine d'Ortviken. Avec 775 000 tonnes de capacité, elle représente l'une des plus grandes usines de papier de presse au monde, avec 3 MAP dont 2 produisent 510 000 tonnes de LWC et la dernière 265 000 tonnes de journal et de non couché avec bois. Si le projet voyait le jour, la compagnie précise qu'une des 3 machines devrait être arrêtée.

 

 

 Papiers-cartons récupérés

 

-25 euros/t sur le désencrage

-5 à -25 euros/t sur les qualités moyennes et supérieures


«On ne voit pas encore la fin de la crise - qui est structurelle - et il n'y a toujours pas d'embellie côté packaging »,
décrypte un acteur du secteur.

Le marché des PCR a connu un mois d'octobre aussi tourmenté que les précédents, avec des volumes abondants et difficiles à placer. Dans le marché des sortes ordinaires, toujours très saturé, les prix ont oscillé entre stabilité et -5 euros/t. Le désencrage, peu consommé, a encore lourdement chuté de -20 euros/t et jusqu'à -40. Un contact rappelle « qu'il ne faut pas faire l'amalgame entre la crise du carton et du papier. Pour le carton, c'est le modèle d'écoulement bâti sur l'export qui est à l'origine des difficultés : lorsque la Chine a décidé de fermer ses portes, les excédents sont restés en Europe et aux Etats-Unis. Cette crise laisse penser qu'il semblerait judicieux de conserver nos capacités de recyclage en Europe pour ne pas reconstruire un modèle où l'on est complètement dépendant de l'extérieur. Pour le papier graphique, le problème est différent, puisqu'il est lié à une chute des lecteurs et de la demande ; ce marché est donc régulièrement en surcapacités, avec une sur-offre mondiale et des fermetures de machines. Pour rappel, entre 2013 et 2019 le secteur est passé de 7,6 à 6,3 millions de capacités en Europe de l'Ouest, une baisse qui avait permis de bien rétablir l'équilibre offre et demande, mais aujourd'hui il y a de nouveau un déséquilibre. Concernant UPM Chapelle Darblay, que l'usine soit vendue ou pas, elle ne produira plus de papier journal au 30 juin, ce qui correspond à une perte de 240 000 tonnes sur le marché, ce qui ne réjouit pas mais régulera incontestablement le marché. » Côté qualités moyennes, les baisses ont atteint les -10 euros/t, et jusqu'à -25 pour les archives couleurs. Les qualités supérieures ont poursuivi leur chute, notamment le 3.11 qui s'est tassé de 5 euros/t. Les sortes 3.12 à 3.15.01 ont également baissé de -10 euros/t. Suivant le cours de la pâte, les sortes 3.17, 3.18 et 3.18.01 ont perdu -20 euros/t. Le prix du 3.10, « avec des pressions espagnoles », a diminué de -5 euros/t. Des baisses qui semblent bien difficiles à endiguer. « On ne voit pas le bout du tunnel et on peut même dire que la lumière s'éloigne ! » s'alarme un contact.
C'est de la Turquie qu'une partie de la solution pourrait venir à moyen terme. En effet, lors de la dernière réunion de la division Papier du BIR qui s'est tenue à Budapest mi-octobre, a été relayé que la Turquie pourrait accueillir une part importante des excédents de fibres récupérées en Europe au cours des trois à quatre prochaines années. D'ici 2023, les papeteries turques devraient avoir développé une capacité de production annuelle combinée comprise entre 6 et 7 millions de tonnes. Cependant, le taux de collecte du pays, d'environ 40 %, est bien inférieur à celui de nombreux pays développés et « n'augmente pas », a expliqué Ercan Yürekli de TÜDAM, l'association nationale turque de recycleurs et de collecteurs de papier et de plastique. « En conséquence, a-t-il calculé, des importations annuelles d'environ 2 à 3 millions de tonnes de fibres récupérées seraient nécessaires en Turquie, ce qui signifie que le pays pourrait fournir « une solution à certains excédents de l'Europe ». Précisons que « selon la réglementation en vigueur en matière de gestion des déchets en Turquie, seuls les recycleurs sont autorisés à importer du papier récupéré, contrairement aux entreprises de collecte. Les importations du pays sont passées d'un peu plus de 300 000 tonnes en 2015 à plus de 725 000 tonnes en 2018, un chiffre proche de 1 million de tonnes prévu pour 2019. »
En Espagne, les prix des sortes carton ont été reconduits et le désencrage s'est un peu moins érodé qu'en France, avec -10 euros/t. Les qualités moyennes et supérieures ont subi les mêmes variations qu'en France. En Allemagne, les prix des sortes carton ont oscillé entre stabilité et -5 euros/t et le désencrage entre -5 et -20 euros/t. Les archives couleurs ont aussi baissé de -5 euros/t et le 3.17 de -20 euros/t.
Côté commerce extérieur, la demande s'est maintenue à l'export permettant d'écouler des volumes hors de l'Europe, notamment vers l'Indonésie et l'Asie du Sud-Est où les sortes carton ont subi un effritement des prix de -3 à -5 euros/t. La Chine, toujours absente en France, a été présente davantage en Grande-Bretagne.
Les données douanières d'août 2019 indiquent qu'en volumes, les exportations françaises de papiers récupérés vers la Chine ont baissé de -62,9 % à août 2019 avec 32 208 tonnes exportées en cumul contre 86 911 tonnes à août 2018. L'Inde est encore en perte de vitesse avec quasiment 40 % d'exportations en moins, à ces mêmes dates. Les taux d'exportation croissants de la Malaisie, de l'Indonésie (malgré les contrôles très stricts), de la Thaïlande et du Vietnam, ont permis aux exportations françaises vers l'Asie d'être à 2,7 % de croissance à août 2019 par rapport à août 2018. A noter également que l'intensification des exportations de PCR de la France vers le Royaume-Uni se poursuit, avec 26 135 tonnes importées à août 2019 contre 17 669 tonnes à août 2018, mais qu'elles chutent vers l'Espagne (-4,9 %),
vers l'Italie (-16,8 %) et vers la Belgique (-18,6 %) (données Douanes - Pap'Argus).

 

 

 

 

Sortes graphiques

 

Les prix des sortes graphiques ont majoritairement été reconduits en octobre, même si on observe des tensions sur le sans bois.
Malgré un petit regain de la demande, le prix du NCSB a oscillé entre stabilité et -20 euros/t de baisse, l'activité restant en deçà des attentes. Les négociations sur le CSB ont pu aboutir - à la marge - à des baisses de l'ordre de -20 euros/t. Côté ramettes, il existe des tensions dans les négociations avec les producteurs, qui n'ont pas, à ce jour, eu d'incidences sur les niveaux de prix. Certains prévoient des hausses pour la fin d'année et restent fermes sur leurs positions. Concernant les papiers pour enveloppes, les négociations ont finalement abouti à -20 euros/t de baisse sur le blanc (NCSB), au 1er novembre, tandis que l'écru est resté stable. L'approvisionnement en papiers recyclés reste compliqué et les prix élevés, mais stables sur la fin d'année.
Côté production, on note une baisse de -10,1 % du non couché avec bois en Europe sur le premier semestre 2019, -11,4 % sur le couché avec bois, -3,7 % sur le non couché sans bois (-7,3 % en France) et -15,7 % sur le couché sans bois (données CEPI).

 

 

Etiquettes

 

 

 -10 euros/t sur le couché une face

 

Dans un contexte d'offre supérieure à la demande, le marché est resté faible en octobre.
Sur le 2e semestre 2019, c'est donc -20 à -40 euros/t de baisse, selon les sortes, qui vont être enregistrées, expliquant l'ajustement de -10 euros/t sur le couché une face ce mois-ci. Les prix des sortes REH et couché sur chrome sont reconduits. La tendance globale est baissière mais beaucoup indiquent n'avoir aucune visibilité sur les évolutions en 2020. Côté capacités, Feldmuehle a redémarré sa MAP 1 après 4 jours d'arrêt pour maintenance, augmentant sa capacité de 7 %. Pour rappel, à la suite de l'ouverture d'une procédure d'insolvabilité fin 2018, l'usine a cessé la production de papier graphique et a fermé sa MAP 2. Depuis, Feldmuehle produit environ 75 000 tonnes/an de papiers de spécialité et pour étiquettes.

 

 

 

PPO/Packaging

 

-10 euros/t et + sur les PPO

-2 à -3 % sur la caisse carton


Après le timide redémarrage de septembre, l'activité d'octobre n'a pas connu le coup d'accélérateur attendu, même si certains contacts évoquent « des carnets de commande pleins ».
Dans ce contexte, le kraftliner a enregistré des corrections oscillant de -10 à -20 euros/t. Le testliner et la cannelure recyclée ont baissé moins fortement, de -10 euros/t, de même que le white top kraft qui a connu une légère érosion de -5 euros/t. Quant aux prix du white top test, ils sont reconduits. « L'intégralité des hausses de 2017 est maintenant contrebalancée par l'ensemble des baisses de l'année,» analyse un contact (voir graphique des prix des principaux PPO de 2017 à octobre 2019). Côté cannelure mi-chimique, « stabilité est le mot qui convient en ce moment, l'activité n'étant pas débordante mais les prix se maintiennent ».

Le basculement du marché du kraft à sac a conduit à une baisse des prix au 1er octobre de -30 à -50 euros/t sur l'écru, et 

entre -15 et jusqu'à -40 euros/t sur le blanc standard. En cause, la baisse notable de la demande hors Europe, notamment au Moyen-Orient. « Des baisses qui pourraient se prolonger sur Q1 », nous précise un contact.
Au Royaume-Uni comme en Espagne, les prix ont été reconduits. L'Allemagne, a contrario, a vu ses prix se tasser de -15 euros/t dans les PPO ; les prix du kraft à sacs ont chuté à la même hauteur qu'en France, c'est-à-dire, entre -15 à -50 euros/t, selon les sortes.
Côté production, le marché européen de PPO a connu une progression de +2 % au premier semestre (contre +2,7 % au premier semestre 2018). Avec 1,8 million de tonnes produites, le marché français a enregistré une croissance de +2,3 % sur cette période, proche de celle de l'Allemagne, qui a atteint les +2,6 % avec 4,3 millions de tonnes. A noter, la belle envolée de l'Espagne, avec +9,5 % pour 1,6 million de tonnes produites (Source CEPI).

 

 

Carton plat


Le mois d'octobre a suivi la tendance de septembre, avec une stabilité générale des prix, dans les cartons plats à base de fibres vierges comme dans les recyclées.
Côté GC, pour lesquels « les carnets de commande sont bons »,
les prix ont été reconduits - malgré quelques pressions - et certains clients ont pu profiter de baisses ponctuelles de -10 euros/t. « Les producteurs restent fermes mais certains ont pu se repositionner à la marge pour finir l'année », nous confie un acheteur.
Le marché des recyclés reste stable et les prix sont prolongés jusqu'au 31 décembre. Un acheteur de s'en étonner,
« PCR et pâte sont en baisse et la demande molle, ce qui pourrait laisser place à certaines négociations, mais les producteurs restent inflexibles. » En termes d'activité, « la fin de l'année risque d'être un peu atone, selon des retours d'imprimeurs, mais 2020 sera probablement un bon cru : de nombreux transferts du plastique vers le carton vont continuer », précise un contact. A noter un effet marketing en faveur du kraft (non blanchi et non couché), avec un retour à la fibre naturelle.
Le Royaume-Uni ne bénéficiera sans doute pas de la même stabilité des prix, Metsä Board et Iggesund ayant annoncé des hausses. Le premier, de 65 £/t sur le FBB au 1er décembre prochain, et le second, de 70 £/t sur le carton plat, au 1er octobre.
Côté capacités, la filiale Cartiere Villa Lagarina du groupe Pro-Gest prévoit de produire environ 400 000 tonnes par an de carton recyclé dans l'ancienne usine de Burgo à Mantoue, mais un permis manquant ne lui permet pas d'augmenter la capacité de sa MAP - dont la capacité de production maximale est de 500 000 tonnes/an. Les activi-tés de production du site sont actuellement limitées à 200 000 tonnes/an.


Caroline Cauchois