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Tendances des marchés - novembre 2019

16/12/2019

Pâtes

 

-20 dollars/t sur les fibres courtes

 

 

Le marché de la pâte tend à se stabiliser en cette fin d'année.
« Le plateau bas semble être atteint, décrypte un acteur, et même les acheteurs restent assez sages. »
Les prix des fibres longues sont restés inchangés en novembre, la NBSK se maintenant à 820 $/tonne, tandis que ceux des fibres courtes se sont érodés de 20 $/tonnes, la pâte d'eucalyptus s'établissant à 680 $/tonne. La CTMP est également restée stable. « Le marché devrait être à la stabilité jusqu'au nouvel an chinois », augurent certains.
Les gros faiseurs comme Suzano participent à réguler le marché. En effet, après avoir réduit ses capacités de 500 000 tonnes, le groupe devrait poursuivre sur cette voie, en réduisant sa production de 300 000 tonnes supplémentaires. Lors de la Pulp week qui s'est déroulée à Londres mi-novembre, les fournisseurs étaient d'ailleurs très enclins à proposer des volumes, quand l'année passée ce sont les acheteurs qui devaient sécuriser les leurs ; un renversement de situation révélateur. Sur le plan macro-économique, un expert n'a pas manqué de préciser que selon lui « le ralentissement économique mondial devrait se poursuivre pendant un certain temps et toute amélioration durable ne se matérialisera pas avant 2022. »
Côté stocks, les statistiques du PPPC du mois d'octobre dernier ont révélé des niveaux de stocks qui s'infléchissent. Les feuillus ont atteint les 52 jours en septembre, pour s'établir à 49 jours en octobre, soit 1 jour de plus qu'en octobre 2018. Les résineux se sont établis à 34 jours, contre 36 le mois dernier et 35 en octobre 2018. Avec 4,21 millions de tonnes, les livraisons de pâtes d'octobre 2019 ont été légèrement supérieures à celles d'octobre 2018 (3,9 millions de tonnes), tout comme le taux d'activité de 85 %
(contre 81 % l'année passée).

 

 

Papiers-cartons récupérés

 

-20 euros sur les journaux

Jusqu'à -30 euros/t dans les qualités supérieures

 

La crise qui touche le marché du recyclage se poursuit en fin d'année et devient inédite par sa longueur.
Les ventes sont restées difficiles en novembre, les stocks toujours trop importants et les prix plongent encore. « Les stocks dans les centres de tri gênent les opérations de recyclage, car quand les capacités maximales de stockage sont atteintes, c'est l'arrêt de la collecte. Certaines matières commencent à aller à l'incinération faute de débouchés », explique un contact. « Le secteur s'adapte pour le moment avec les frais de recyclage, mais il faut aussi ajuster temporairement les dispositifs classiques de collecte, de limites de stockage et de recyclage pour passer collectivement la crise. Les recycleurs se retrouvent seuls. Les pouvoirs publics sont interpellés mais ont-ils vraiment pris la mesure de la situation ? En ce qui concerne UPM Chapelle Darblay, il y a une réelle nécessité de trouver un repreneur industriel car la France est excédentaire en papiers récupérés, tout comme le reste de l'Europe. » C'est dans ce contexte que les prix des sortes ordinaires ont chuté majoritairement de -10 euros/t, malgré d'âpres discussions mettant en avant la sur-offre générale, les stocks importants dans les centres de tri mais aussi les arrêts machines et marché qui se profilent sur la fin décembre, ainsi que Smurfit Kappa en a récemment fait l'annonce. Le désencrage s'est de nouveau érodé, à hauteur de -10 euros/t, et se trouve dans une crise telle que certains centres de tri ont arrêté le 1.11 pour éviter de stocker. Le prix des sortes kraft, du journal, des rognures blanches mais aussi des archives couleurs s'est tassé dans cette même mesure. « On s'explique mal la baisse sur le 2.06, précise un acteur du secteur, car son prix est habituellement plus stable que les autres sortes et la demande est bonne. »
Les qualités supérieures sont aussi à la baisse, avec -5 à -10 euros/t sur l'AFNOR, -15 euros/t du 3.01 au 3.03, -5 euros/t du 3.05 au 3.07 et -15 à -20 euros/t du 3.12 au 3.18.01. Les importantes baisses concernant le 3.18 notamment (jusqu'à -30 euros/t), sont en lien avec la baisse du prix de la pâte mais aussi avec la baisse de la demande de white top. « Les prix pourraient encore être à la baisse le mois prochain, car il y a toujours beaucoup de matières, » présagent certains.
En Espagne et en Allemagne, les variations ont été similaires - les sortes cartons pouvant atteindre les -15 euros/t outre-Rhin. La saturation est à l'échelle européenne et c'est 8-9 millions de tonnes qui sont à sortir d'Europe. Le Royaume-Uni, très dépendant de l'export, reste le pays le plus impacté par la crise. Côté grand export, les prix ont été inférieurs aux prix du marché en Asie du Sud- Est en novembre. Plus précisément, ce sont 4 à 5 euros/t de baisse qui ont été enregistrés sur le carton, notamment en raison du fret maritime.
« Globalement, les usines sont saturées et rencontrent des problèmes de vente de bobines », souligne un contact.
Les données douanières de septembre 2019 indiquent qu'en termes de volumes, les exportations françaises de papiers récupérés vers la Chine ont chuté de -66,7 % à septembre 2019 avec 35 445 tonnes exportées en cumul contre 106 324 tonnes à septembre 2018. L'Inde est encore en perte de vitesse notable avec 40 % d'exportations en moins. Les taux d'exportation croissants de l'Indonésie (+146,7 %), de la Thaïlande(+112 %), du Vietnam (+115,2 %) et de la Malaisie (+453,8 %), ont permis aux exportations françaises vers l'Asie d'être à 5,7 % de croissance à septembre 2019 par rapport à l'année passée. La comparaison à 2 ans reste moins réjouissante puisqu'avec 391 733 tonnes exportées à septembre 2017, contre 300 731 cette année, les exportations vers l'Asie sur 9 mois ont chuté de 23,2 %. A noter aussi une augmentation de 6,1 %
des exportations de PCR de la France vers l'Allemagne, avec 335 664 tonnes, mais une chute notable de -3,5 %
vers l'Espagne, sur les plus gros volumes exportés, avec 844 939 tonnes contre 875 440 à septembre 2018 (Données Douanes - Pap'Argus).
Pour autant, le secteur veut rester confiant en l'avenir. Lors de la conférence Paper & Plastics Recycling Conference Europe les 5 et 6 novembre à Barcelone, il a été pointé que le « China's ban »
pèse certes toujours sur le marché tout comme la mauvaise conjoncture économique européenne et asiatique. Toutefois, comme à chaque crise dans le PCR, il y a un effet cyclique et d'aucuns misent sur un rééquilibrage en 2020. « La régulation proviendra notamment de la baisse de production de papiers-cartons mais aussi de la fonte du gisement des papiers de bureaux et magazines, qui généreront moins de collecte. L'ouverture de nouvelles capacités papetières permettra également de rétablir plus de fluidité. »

 

 

Exportations des papiers récupérés sur 9 mois 2019/2018 (Source Pap'Argus)

 

 

 

Sortes graphiques

 

-20 euros/t sur le papier enveloppes blanc

 

La fin d'année se termine sous le signe de la stabilité sur quasiment toutes les sortes graphiques.
Les négociations sont en cours pour 2020, desquelles émergent des baisses au 1er janvier. Sur novembre, tous les prix ont été reconduits sauf ceux des papiers pour enveloppes dont le blanc (NCSB) s'est érodé de -20 euros/t. Des baisses ponctuelles sont enregistrées à la marge, notamment sur l'offset sans bois. Côté ramettes, les prix sont reconduits jusqu'en fin d'année mais des producteurs évoquent la possibilité de passer une hausse modérée en début d'année prochaine. Ce sont néanmoins majoritairement des baisses qui se dégagent des négociations concernant la prochaine période. « L'activité n'est pas mauvaise mais ces baisses de janvier s'expliquent par la demande du grand export qui est à l'arrêt (Asie...), et la demande intérieure qui est aussi en baisse », souligne un acteur du secteur. Seraient notamment impactés le couché sans bois, le couché recyclé et le non couché sans bois, à hauteur de -15 à -20 euros/t. Le prix du journal et du satiné suivraient cette même tendance, avec des réajustements « que de nombreux clients auraient aimé plus spectaculaires ». Le point de discussion majeur concerne le LWC, la fermeture de Burgo le 12 novembre dernier, générant du flou sur ce marché. En effet, le groupe vient de cesser sa production de LWC à Verzuolo sur sa MAP 9 en Italie, convertissant sa machine en PPO recyclé (RCCM). Ce sont donc 400 000 tonnes/an de LWC en moins sur le marché et 600 000 tonnes/an de PPO recyclé supplémentaires. De même, UPM a continué à réduire fortement ses capacités de production. Après l'annonce de la mise en vente de son usine Chapelle Darblay en juillet (240 000 tonnes de papier journal par an), puis l'arrêt mi-juillet de sa MAP 10 à Plattling en Allemagne (155 000 tonnes de couché avec bois par an), c'est à Rauma en Finlande que le groupe a définitivement fermé sa MAP 2 le 6 novembre, réduisant de 265 000 tonnes annuelles sa production de papier SC. Le groupe précise que la production sur les deux MAP restantes se poursuivra comme auparavant. Les groupes poursuivent donc leurs mutations et le marché se redessine. Lors de l'IFRA qui s'est déroulé à Berlin en octobre, le secteur échangeait d'ailleurs davantage à propos des volumes que des prix. Les dernières données d'Euro-Graph, l'association européenne des producteurs de papiers graphiques, indiquaient une baisse de 7,4 % des livraisons totales de papiers graphiques en septembre, avec 2,37 millions de tonnes contre 2,56 en septembre 2018, et
7,7 % de baisse sur 9 mois. La demande européenne a chuté de 8,2 % sur cette période. Concernant le journal, les livraisons européennes ont suivi cette tendance, avec 3,61 millions de tonnes à septembre 2019 contre 3,89 à septembre 2018, soit 7,4 % de moins. La demande européenne de journal s'est tassée de 6,4 % sur les 9 premiers mois de l'année.

 

Etiquettes

 

Le deuxième semestre aura donc rimé avec baisses, à hauteur de -20 à -40 euros/t sur le couché une face.
Les discussions concernant les prix de 2020 se terminent, avec une date de validité sur le premier voire sur le deuxième trimestre, dans un marché où l'activité reste correcte.

 

PPO/Packaging

 

-10 euros/t sur le kraftliner

-15 euros/t sur le WTK

 

Les prix des PPO ont continué à se tasser en novembre avec une activité qui ne repart pas suffisamment en France comme en Allemagne.
Le kraftliner a enregistré une nouvelle correction de -10 euros/t, soit -20 à -25 euros/t sur les deux derniers mois, et le white top kraft a chuté davantage, à hauteur de -15 euros/t. Le testliner et la cannelure recyclée ont subi quelques ajustements supplémentaires de l'ordre de -5 euros/t, tout comme la cannelure mi-chimique (jusqu'à -15 euros/t). Les prix du white top test ont été majoritairement reconduits, même si certains ont pu bénéficier ponctuellement d'ajustements de -10 voire -20 euros/t.
En Espagne, les prix ont été reconduits alors que le Royaume-Uni a enregistré quelques corrections sur l'ensemble des PPO, avec -10 £/t de baisse sur le kraftliner, le white top kraft, le testliner et la cannelure recyclée, mais aussi -5£/t sur la cannelure mi-chimique. L'Allemagne a également vu ses prix se tasser - moins fortement, à hauteur de -5 euros/t sur l'ensemble des PPO.
Les nombreuses fermetures de cartonneries en fin d'année laissent augurer une stabilité des prix sur décembre. Un acteur de s'interroger : « A quel niveau de stocks va-t-on se réveiller en janvier ? »
En ce qui concerne les capacités du secteur, le groupe russe Ilim a redémarré la MAP qu'il modernisait afin d'augmenter sa capacité de production de kraftliner de 100 000 tonnes/an, lui permettantd'atteindre les 300 000 tonnes annuelles. A Obbola, en Suède, le groupe SCA prévoit lui de produire 725 000 tonnes de kraftliner par an sur sa nouvelle MAP 2, à partir de 2023.

 

Carton plat

 

L'année se termine dans un secteur où l'activité est bonne, les perspectives favorables et les prix stables.
Bon nombre de transformateurs seront fermés dès le 20 décembre jusqu'à début janvier, tout comme la plupart des usines. « Dans ce contexte le maître mot est stabilité ; même si nous n'avons pas encore de perspectives totalement claires sur 2020, il est facile de s'engager sur les prix d'aujourd'hui pour des livraisons fermes jusqu'à fin mars 2020 », nous indique un contact. Optimiste, le secteur compte sur l'accélération du transfert du plastique vers le carton pour contribuer à une augmentation du volume de commandes dès janvier, en France particulièrement. Un secteur qui reste ferme et où souplesse et réactivité restent de mise.

 

Sanitaire et domestique

 

-10 euros/t dans les qualités vierges

 

La tendance baissière dans les qualités vierges se poursuit en novembre, et les prix se tassent une nouvelle fois de 10 euros/t.
Un contact souligne : « Nous sommes toujours sur cette tendance de -10 euros/t sur la pure pâte et de stabilité sur le recyclé, mais si la qualité vierge continue de baisser, il y aura inévitablement une baisse sur le recyclé. »

 

Evolution des prix du tissue -qualités vierges et recyclées- (Sources Pap'Argus)

 

Caroline Cauchois